Ne vous inquiétez pas, je sais encore compter à rebours. 5-2-1-0 Each Day, c'est le nom d''un programme équivalent à notre PNNS (Plan Nutrition Santé) ; plus précisément la partie sur la prévention de l'obésité infantile qui concerne le PNS américain. 5, 2, 1, 0, c'est pour :
Etant donnée la littérature abondante sur le sujet, et aussi par manque de temps, j'ai abandonné l'idée d'écrire un article avec un minimum de rigueur scientifique sur le sujet. Je voulais juste livrer mes impressions sur l'épidémie d'obésité (c'est le terme employé sur les sites, tout ce qu'il y a de plus sérieux et officiel) qui touche les Etats-Unis, parce que nous y sommes confrontés au quotidien, depuis... avant même notre arrivée ici !
Ce sujet me préoccupe d'abord en tant que mère (nourricière...). Comme tout le monde, le préjugé n°1 que j'avais sur les Américains, c'est que : "les Américains sont gros".... ce qui est vrai ! Je partais avec ce chiffre en tête : 70 % de la population en surpoids (dont 34% d'obèses. Ce sont des chiffres de 2011). C'est vraiment pour moi le symptôme de la décadence de nos civilisations... car nous ne sommes pas épargnés en France, comme le montre cette carte de 2011 :
Je m’enorgueillissais que la France était le seul pays d'Europe resté en vert, avec l'Italie, mais non...
Avec ces idées en tête, je m'attendais ici à croiser une personne obèse à chaque carrefour, et une fois de plus je me suis fait surprendre car ce sujet de société s'est plutôt révélé au quotidien dans des tas de petits détails inattendus.
En préambule, je voulais m'excuser de généraliser. Je parle d'un sujet qui touche une population de 316 millions d'habitants dans un pays immense et vue de ma lorgnette ; laissons mes propos à leur place : il s'agit juste d'un partage d'impressions !!
D'abord donc, par rapport à la prise des repas : je savais que les Américains ne prennent pas de vrais repas, et grignotent toute la journée. Alors le jour où, quand ils m'ont fait visiter leur maison, nos hôtes m'ouvraient leur frigidère et les placards à provision de la cuisine, j'ai à peine osé regarder, j'étais gênée ;-) Et puis, quand on mange, on met tout en même temps dans son assiette : les chips, de la viande, de la salade, et un dessert... et si on veut se resservir, on peut reprendre de l'entrée... après son yaourt, aucun pb ! Et si on a faim en rentrant à 6h30 le soir, même si on dîne moins d'une heure après ? Eh bien on peut prendre un petit yaourt dans le frigidère par exemple !... Inutile de dire que les enfants ont trouvé ça génial, qu'ils ont très vite pris le pli, et que, commençant par 3 semaines de balade où on était beaucoup invités.. ça m'a juste un peu stressée ! Mais ouf, ils savent qu'ici, la règle est la même qu'à Rennes : on ne se sert pas tout seul dans le frigidère.
A une "échelle méso-économique", il y a un commerce très florissant ici : celui du régime amaigrissant. Tout le monde s'y met : les enseignes des médecins spécialistes de la perte de poids jouxtent celles des autres spécialistes, les agences de Weight Watchers se trouvent à côté de celles de Mac Donald, les rayons de glaces ou autres produits alimentaires estampillés Weight Watchers sont très fournis, et la diversité de produits allégés est telle qu'on s'y perd complètement ! Même à la messe du dimanche, pendant la prière universelle, on prie pour les personnes qui cherchent à perdre du poids !!
A l'école, la cafeteria est placardée d'affiches sur : "quels sont les différents groupes alimentaires qu'on doit retrouver dans son assiette ?", "How to BAM : Build A Meal ?"... On reçoit sans cesse des prospectus sur le programme 5-2-1-0 sous toutes les déclinaisons possibles, comment constituer un healthy snack... On sent que les Américains rament, et se raccrochent à toute la prévention qu'ils peuvent. Et à côté de ça : les légumes frais sont 2 fois plus chers qu'en France, et au contraire, les sodas, glaces et hamburgers ne valent rien. Quand on prend une boisson dans un restaurant, on est resservi à volonté !
Hier soir, nous étions à une réunion pour les parents dont les enfants suivent le programme ESOL : les enfants non-anglophones ont un cours d'anglais de 30 minutes tous les jours. La traduction instantanée en espagnol était assurée... L'infirmière de l'école nous a fait un topo sur les programme 5-2-1-0 et une petite animation pour sensibiliser la population hispanique très touchée par l'obésité (enfin, c'est moi qui donne ce sens à son intervention) : en buvant une bouteille de 50 cl de Coca par jour (et beaucoup de gens en boivent plus), on a ingéré 25 kg de sucre en un an (soit 1 kg en 2 semaines).
Ce sont les populations noires et hispaniques les plus touchées, et les couches défavorisées de la population |
Un article du Monde du 05/09/2011 intitulé "les jeunes Français mangent moins équilibré que les Américains" rapporte une étude du Crédoc qui s'intéresse à la comparaison de la diversité alimentaire en France et aux Etats-Unis, par classe d'âge. Il en ressort notamment que nous mangeons plus gras en France, et plus sucré aux Etats-Unis. Et que les apports caloriques sont les mêmes, mais plus importants sous forme liquide aux Etats-Unis (17% versus 10% pour la France). Les Américains boivent notamment 4,5 fois plus de sodas. C'est la chose qui m'a peut-être le plus frappé ici, et que l'on retrouve vraiment partout : les gens ont toujours un verre à la main. Dans la voiture, sur la plage... partout. Sur la plage, c'est : les pieds dans l'eau, en marchant, en se baignant.... Et tout est prévu partout pour pouvoir poser son verre... y compris sur sa poussette. Oui, en France aussi, mais l'équipement du repose-verre sur sa poussette ou dans sa voiture ici est réellement utilisé. Et ils sont hyper équipés en "contenants de liquide transportables".
Cette étude dit aussi que la diversité alimentaire diminue en France chez les enfants de 3-14 ans. Et les auteurs de commenter cette tendance qui "n'est pas favorable à l'équilibre alimentaire des générations futures"... Je me souviens d'une conférence il y a 10 ans, sur des études de prospection, où à horizon 2020, l'obésité serait le pb de santé publique n°1 en France. 2020, c'est dans 7 ans !!